La gestion indexée

La gestion indexée est une gestion qui cherche une rentabilité proche de celle offerte par les indices de marché. Ces derniers ont pour philosophie d’« acheter et maintenir », comme par exemple l’indice S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises de la Bourse des États-Unis. Au contraire, la gestion active prétend obtenir une rentabilité supérieure à celle de son indice de référence. La gestion active suppose que son équipe de gestion a une capacité d’analyse et un accès à l’information spécialisée suffisants.

Le gestionnaire actif est celui qui choisit activement les actions ou les obligations dans lesquelles il investit, tandis que le gestionnaire indexé investit dans tous les actifs qui composent l’indice.

Warren Buffett lors de la réunion annuelle des actionnaires de Berkshire Hathaway en 2016, a exposé avec un exemple simple le problème auquel la gestion active fait face. Imaginons qu’un groupe de 100 personnes s’emparent de toutes les actions disponibles sur le marché mondial, elles seraient alors les seuls investisseurs en capital du monde et tout le marché leur appartiendrait.

Divisons ce groupe en 2 groupes de 50 personnes, de telle manière que chaque groupe ait la moitié de toutes les actions de chaque entreprise du monde. Un groupe met en place une gestion indexée et l’autre une gestion active. Un investisseur indexé aura toujours toutes les actions du marché, chacune dans les mêmes proportions que celles du marché. Par conséquent, si une action X représente 3 pour cent de la valeur des titres sur le marché, le portefeuille d’un investisseur indexé aura 3 pour cent de sa valeur investie dans cette action X.

Un investisseur actif est quelqu’un qui n’est pas indexé. Son portefeuille sera par moment (ou toujours) différent de celui des gestionnaires indexés. De fait, les gérants actifs agissent généralement suivant leurs perceptions des prix, et parce que celles-ci changent relativement fréquemment, ces gestionnaires tendent à acheter ou vendre relativement souvent – de là le terme « actif ».

Au cours d’une période de temps donnée, la rentabilité du marché est la moyenne pondérée des rentabilités des actions du marché, en prenant les valeurs de marché initiales comme poids dans le portefeuille. Chaque gestionnaire indexé obtiendra avec précision le rendement du marché avant coûts. Ainsi, nous pouvons clairement déduire que la rentabilité moyenne de la gestion active doit être égale à la rentabilité du marché. Pourquoi ? Parce que la rentabilité du marché doit être égale à la moyenne pondérée des rentabilités de la gestion indexée et de la gestion active. Si les deux premiers résultats sont les mêmes, le troisième doit être le même aussi. De cela, nous pouvons conclure qu’avant les coûts, la rentabilité moyenne du groupe de gestion active sera égale à la rentabilité moyenne du groupe de gestion indexée.

Par contre, les coûts moyens de la gestion active seront supérieurs aux coûts moyens de la gestion indexée. Tandis que les gérants indexés ne changent pas leurs positions et ont peu de coûts de gestion et de transactions, les gérants actifs doivent payer leurs recherches, les commissions d’achat et de vente de leurs actions, leurs conseillers et d’autres coûts encore. Pour cette raison, il est facile de voir que la rentabilité moyenne de la gestion active après coûts sera inférieure à la rentabilité moyenne de la gestion indexée.

Ceci est la théorie. Par la suite, nous allons reprendre les éléments qui démontrent que la grande majorité des gestionnaires professionnels n’est pas capables d’obtenir une rentabilité à long terme supérieure à celle de leur indice de référence. Ils ne parviennent pas à battre le marché. Les travaux qui analysent ce point, avec les données du marché des Etats-Unis, qui est le plus développé, sont nombreux (vous pouvez consulter les références académiques ci-dessous, à la fin de l’article).

Dans l’industrie européenne de la gestion active, le rapport de fin d’année 2019 de SPIVA Europe Scorecard 2019, montrent que 98% des fonds européen de la catégorie Global Equity à 10 ans n’ont pas obtenu une rentabilité supérieure à leur indice de référence, et qu’en moyenne ils ont obtenu une rentabilité de 4,6 points de pourcentage par an en-dessous de leur indice de référence.

La gestion active est généralement une bonne affaire pour ses gérants, mais dans 98% des cas ne l’est pas pour ses clients. Cela ne signifie pas que la gestion indexée obtient une rentabilité supérieure à la gestion active chaque année ou chaque mois. Avec une vision court-termiste, certaines années, la gestion active offre une meilleure rentabilité annuelle que celle des indices (généralement les années où les actions qui pèsent peu dans les indices ont une rentabilité sensiblement supérieure à celles des entreprises qui y pèsent plus, car les gérants actifs tendent à avoir des portefeuilles relativement plus équipondérés que les indices).

Certains penseront qu’il suffit alors de regarder quel gestionnaire actif a fait mieux dans le passé et investir avec lui. Pourtant, il n’y a que très peu de relation entre la rentabilité obtenue par un gestinnaire dans le passé et celle qu’il obtiendra à l’avenir. Il n’y a pas de persistance dans la rentabilité des gérants actifs. Dans un prochain article de formation financière, nous en reparlerons.

Par conséquent, si la majorité des gestionnaires actifs ne bat pas son indice de référence et qu’il n’est pas possible de savoir à l’avance quel gestionnaire va le battre, la conséquence logique est : investissez dans des indices (indexez-vous), diversifiez, réduisez les coûts d’investissement et laissez courir le temps. Les années passant, vous pourrez observer que la rentabilité de vos investissements sera supérieure à celle de la majorité des investisseurs professionnels ou des fonds de gestion active.

Dans un premier temps, cela peut apparaître contre intuitif. Mais si c’était si évident, logiquement, ce genre de gestion serait beaucoup plus connu des investisseurs. Ce n’est toujours pas le cas car les banques, principal moyen d’investir dans des fonds en Belgique, gagnent plus en commercialisant une gestion active et couteuse à leurs clients. Tant qu’elles n’y seront pas obligées, elles ne changeront pas cette politique.

Malgré les difficultés, la gestion indexée s’impose de plus en plus. Pour illustrer, le graphique suivant montre la croissance des fonds en gestion indexée et la décroissance des fonds en gestion active aux États-Unis depuis 2009 (source : Morningstar, Asset Management in an Era of Cost Pressure: An Index Response, pdf) :

Si vous n’êtes pas encore client d’Indexa, n’hésitez pas à effectuer notre test de profil investisseur pour voir quel portefeuille de fonds indexés nous pouvons vous proposer.

Références académiques – les gestionnaires actifs ne parviennent pas à battre le marché

Les travaux de Brinson, Hood, et Beebower (1986) démontrent qu’en moyenne, en utilisant les données disponibles entre 1974 et 1983 les fonds de pensions n’ont pas été capables d’ajouter de valeur au-dessus de leur indice.

Ce résultat est cohérent avec le travail de Carhart (1997) qui démontre que dans un fonds, chaque coût a un impact et que la rotation élevée des actifs produit, en moyenne, une rentabilité inférieure de 0,95%.

De même, Arnott, Berkin et Ye (2000) démontrent que l’indexation, pour la majorité des types d’investisseurs sujets à l’impôt et dans la majorité des conditions de marché, est préférable à la gestion active conventionnelle.

Plus récemment, Harbron, Roberts et Johnson (2016), démontrent à nouveau qu’après commissions, la rentabilité moyenne des fonds en gestion active a été inférieure à celle de leur indice de référence et que la rentabilité des fonds d’investissement empire significativement une fois pris en compte le « biais de survie » (c’est-à-dire, une fois que sont inclus les résultats des fonds qui ont été éliminés des registres publics).

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